Généalogie BARBIER de la COULDRE

Avocat au parlement de Bretagne, docteur en droit, rédacteur du code civil pour Napoléon. Sous l'empire président du conseil d'état, ministre en 1808. Membre de l’académie française. Conte de l'Empire.. Sous la restauration pair de France, directeur général des cultes, grand officier de la légion d'honneur. Fil de François Michel BIGOT docteur et agréé en droit de la faculté de Rennes et de Jeanne RONDET.

Félix était le fils d’un avocat au Parlement de Bretagne. Destiné à la carrière ecclésiastique, il commença ses études au séminaire de Rennes avant d’entreprendre, à la mort de son père en 1762, une carrière juridique. Avocat au Parlement de Rennes en 1767, docteur en droit en 1768, il acheta une charge de conseiller (1778). À la même époque, il monte à Paris, avec les fonctions d’agent général des États de Bretagne. Il représentait dans la capitale les intérêts des principales communes de sa province et de ses protecteurs Rohan.
On le trouve juge au Tribunal de district du 4e arrondissement de Paris, puis commissaire du roi dans le Gard où des troubles étaient survenus. En septembre 1791 il est élu à l'Assemblée législative député de la Seine et prend place parmi les Modérés. Le 7 janvier 1792, il prononce à l'Assemblée un discours affirmant "le droit légitime du roi à représenter le pays" [source: Rennes et la haute Bretagne, par Joseph Chardronnet Ed. France-Empire - 1980]. Il vote contre la suppression de la sanction royale, la poursuite des prêtres insermentés et les mesures à l'encontre des émigrés. Il fit voter l'interdiction aux hommes armés de présenter des pétitions et, le 10 août 1792, il prit la défense de la famille royale. Il est donc devenu suspect et c'est le comité de surveillance de Rennes qui décide, le 18 novembre 1793 de faire arrêter "Préameneu-Bigot", mais il ne l'est que le 4 juin 1794 à Rennes et ses papiers, qui ne contenaient rien de suspect, sont entassés dans une mal le scellée confiée à ... son beau-frère en attendant son expédition au comité de sûreté générale car c'est à Paris où il est incarcéré qu'on pouvait trouver et prouver ses agissements suspects [source: Terreur et terroristes à Rennes ; 1792-1795 par B.-A. Pocquet du Haut-Jussé. éd. Joseph Floch - 1974]. Sauvé par la chute de Robespierre, il entre à l'Académie Française en 1800.
En mars 1797, Bigot de Préameneu est président de la 4e chambre au Tribunal de district de Paris et participe aux préparatifs du coup d'état de Brumaire. Membre de la commission d'élaboration du code civil, conseiller d'état à la section de législation, il va en 1805 en Ligurie, république annexée, pour y organiser la justice ! Il est ministre des cultes en France de janvier 1806 à avril 1814. Le régime l'honore : il est membre de l'Institut, membre de l'Académie française, grand officier de la Légion d'honneur en 1804, président du collège électoral d'Ille-et-Vilaine en 1806, comte d'Empire en 1808. Il accompagne Marie-Louise à Blois en avril 1814. La Restauration le démet évidemment de tous ses mandats. Pendant les Cent-Jours , il est fait pair de France. Après Waterloo, il se retire à Paris où il exerce quelques mandats secondaires. Il s'efface alors et rentre à Rennes où il organise les écoles primaires.

il épousait en Saint-Etienne- de-Rennes, « Eulalie-Marie-Renée Barbier, fille de feu noble homme Aimé-François Barbier, négociant, et de dame Jeanne Dufour, née en Saint-Etienne le 9 et baptisée le 11 décembre 1755 ri). » La jeune épouse avait vingt-trois ans, et appartenait à une honorable famille de négociants de Rennes ; son père avait été échevin de cette ville en 1767 ; et l'un de ses frères, qui portait le nom de Barbier du Puits, fut député agrégé aux États de février 1789, signa le cahier des charges et doléances du Tiers-État de la sénéchaussée de Rennes pour les États Généraux et devint officier municipal en 1792. C'est lui qui acheta de la ville, en 1793, le magnifique hôtel de Cornulier, aujourd'hui la Préfecture, qu'il revendit en 1811. Un descendant de ces Barbier, avocat et docteur en droit, devait épouser plus tard la fille de Saint-Marc-Girardin

source : élites bretonnes sous l'empire ille et vilaine et Finistère par luc boissnard 1998
BIGOT DE PREAMENEU (Félix-Julien-Jean) Rennes 26.03.1747 + Paris 31.07.1825
Cette famille de Vitré, aux nombreux rameaux - de Ténières, des Salles, de la Corbinays... (1)-, a prétendu se rattacher à des Bigot berrichons, dits "de La Touanne et de Morogues" (2) sans que l'on ait rien prouvé sur ce point. Elle appartenait dès la fin du XVII° à la petite robe en ascension : le bisaïeul de notre personnage était sénéchal de Pouez - allié en 1680 à Jeanne Babin dame de Préameneu-, l'aïeul notaire royal (Visseiches 1683), le père enfin docteur agrégé à la Faculté de Rennes, avocat en ce même parlement.
Son fils aîné, d'abord élève du séminaire, sera reçu pour ses vingt ans comme avocat au Parlement, avant de prendre son doctorat en droit (1768) et d'aller porter ses compétences au Parlement de Paris en 1779. Une activité intense semble l'avoir animé sous Louis XVI: aux deux robes déjà nommés, ce breton ajoute celles d'agent général des Etats de Provence à Paris (1780) et d'avocat au Conseil des Etats de Bretagne. La Révolution en fera d'abord un juge au tribunal de première instance du 4° arrondissement de Paris, en 1790, avant de l'élire député de la Seine à la Législative (6.09.1791) qu'il présidera à son tour; envoyé à ce titre à Uzès pour apaiser des troubles, il s'y montre modéré et ses opinions de tribune le confirment: n'improuve-t-il pas un arrêté du Parlement de Paris - l'un des derniers - contre les prêtres insermentés? N'obtient-il pas un mois de délai pour les émigrés désireux de rentrer? Enfin, n'a-t-il pas troublé les manœuvres révolutionnaires en faisant voter le décret qui interdit aux pétitionnaires de se présenter armés à la barre de l'Assemblée? Cela lui vaudra d'être arrêté à Rennes, comme suspect, le 4 février 1794, alors qu'il se cachait depuis le 10 août 1792. Incarcéré à Paris, Thermidor le délivre et il se mêle désormais de pédagogie, organisant les écoles primaires de Paris en l'an III, et de droit, étant nommé le 24 thermidor l'un des trois commissaires pour la rédaction du projet de Code civil. Les amitiés ne lui manquent pas et Bailly, parti de Nantes et se rendant à Melun (3), le visite à Rennes. Les honneurs le rattrapent aussi : associé non résident de l'Académie des Sciences morales et politiques (2 germinal an IV), puis membre résident (5 nivôse an VIII), il entre au Conseil d'Etat (30 frimaire an X). Organisateur de l'ordre judiciaire en Ligurie (1803), commissaire du gouvernement auprès de la Cour de Cassation, il peut commencer sa grande carrière, avec la présidence de la Section de Législation du Conseil d'Etat (1802), prélude au ministère des Cultes. Napoléon le lui aurait confié à cause de son patronyme, s'est-on plu à colporter ! Il le restera du 5 janvier 1808 au printemps de 1814, succédant à Portalis, dans l'unique et mince besogne d'analyser les mandements épiscopaux sur les victoires de l'empereur....
Suivant Marie-Louise à Blois puis se réfugiant en Bretagne, il est considéré comme démissionnaire mais retrouve sa place aux Cent Jours, comme ministre d'Etat (28 mars 1815), directeur général des Cultes et pair de France (2.06.1815).
L'Empire l'avait comblé, d'un titre de comte héréditaire (24 avril 1808), de donations en Westphalie et Hanovre (19.03.1808) ainsi qu'en Illyrie (1 janvier 1812), d'ordres enfin : la Légion d'honneur dont il est grand officier (25 prairial an XII), comme il est grand croix de l'Ordre de la Réunion et chevalier de la Couronne de fer. Surtout, l'Académie l'avait accueilli au fauteuil de Baudin malgré son peu de titres : n'étaient les factums (4) et le discours de réception de Frayssinous, évêque d'Hermopolis in partibus, on ne comptait aucun ouvrage sous son nom dans sa bibliothèque de 3000 volumes. Son successeur, le duc de Montmorency, prononçant son éloge le 9 février 1826, eut le bon goût de ne pas relever ce manque, en déclarant "qu'il ne fallait pas l'accuser de tout le mal qu'il n'avait pas été en son pouvoir d'empêcher, mais le louer du peu de bien qu'il avait pu faire"... Maintenu à l'Académie française en 1816, ayant fait confirmer son titre comtal par Louis XVIII (par lettres-patentes des 21.10 et 11.12.1815), qui lui octroya la pairie, il consacra ses derniers lustres à visiter prisons et hospices - il était depuis le 13 pluviôse an IX membre du comité d'administration des Hospices de Paris et sera nommé en 1824, grâce à son compatriote Corbières, membre du Conseil général des prisons et du Mont-de-Piété de Paris. On voit que sa carrière bretonne avait souffert de ses emplois parisiens. Mais il est cependant président du Collège électoral de Rennes en 1806 et l'Ille-et-Vilaine le choisit comme candidat au Sénat conservateur.
Sa vie privée appelle peu de commentaires - sinon le plaisir de citer la pudique formule d'un (5) biographe (6), sur "son économie à laquelle on aurait pu donner un autre nom..." (sic) -, sur "la comtesse Bigot (née Eulalie-Marie-Renée Barbier + Paris 14.01.1836) " Quand on allait voir le ministre, il n’était pas rare de la rencontrer sur l'escalier dans un déshabillé remarquable, tenant un trousseau de clés et descendant à la cave..."(sic). Sa fortune considérable - dont 10 000 f. de donation sur les domaines de Lilienthal et Ottersberg - échut à ses deux filles, Eulalie-Jeanne-Marie-Félicité (°22.09.1781 + Paris 13.04.1866), veuve d'Etienne Sauret, député à la Législative, épouse, le 4 février 1808, de André-Jean-Simon baron Nougarède de Fayet et de l'Empire; Eugénie (°5.05.1787 + Paris 15.10.1817) devenue en 1807 baronne puis comtesse de Janzé et de l'Empire.
Le frère puîné du ministre-comte, Alexandre-Etienne Bigot des Longrais (Rennes 8.03.1755 + Rennes 1.10.1833), pour être resté breton, et dans les petits emplois d'avocat, de receveur de l'enregistrement puis de juge de paix (11 mai 1815), n'en a pas moins joué dans sa ville un rôle autrement plus en vue: président de l'administration municipale, enfin Représentant pour Redon à la Ch. des Cent Jours (11 mai 1815), y votant avec la majorité (7). Les Bigot subsistants, demeurés bourgeois, en sont issus.

NOTES 1- différents cependant, semble-t-il, des Bigot du Chesnay, malgré le prénom de Félix commun à ces deux lignées.
2- c'est au moins ce qu'affirme son gendre Nougarède dans une notice biographique de 1843 74p., que reprend Révérend: Empire I-96, contredisant... Révérend: Rest. I-236. Seule la similitude d'armes plaiderait dans ce sens ; mais l'on ne sait à quelle date les Bigot bretons prirent "de sa. à 3 têtes de léopard d'or, lamp. de gu." pour que Félix y ajoute le franc-quartier des comtes ministres...
3-pour y demeurer dans la maison de campagne que Laplace, son collègue à l'Académie des Sciences, lui avait offerte pour séjour et où il fut arrêté en arrivant.
4- dont Kerviler donne (III-239-241) la longue liste.
5- car l'éloge funèbre par le comte Daru, inséré au Moniteur (10.08.1825) ne se permet pas ce genre de trait.
6- Michaud junior, "qui les avait connus", dans la Biographie universelle 1843 IV-312 7-J.Pascal: 1983 p.124
BIBLIOG. Robinet: Dict. hist. et biogr. de la révol. et de l'Empire I-189

Voir aussi Daru éloge funéraire BIGOT DE PREAMENEU journal Moniteur (cf https://www.academie-francaise.fr/funerailles-de-m-le-comte-bigot-de-preameneu )
et Revue d'histoire moderne et contemporaine - Gallica - BnF pour une biographie complète : https://archive.org/stream/revuedebretagne13nantgoog/revuedebretagne13nantgoog_djvu.txt